Menu
Libération
grand angle

Chine, le pays des enfants volés

Article réservé aux abonnés
Conséquence directe de la politique de l’enfant unique et de la valorisation des garçons, le trafic d’enfants se développe. Avec la passivité complice des autorités.
publié le 7 mai 2009 à 6h51
(mis à jour le 7 mai 2009 à 6h51)

C’était le 29 avril de l’année dernière, dans le Hubei, au centre de la Chine. La petite Hong Meng Yuan, 2 ans et demi, dormait au village, dans l’auberge de son grand-père. Vers 5 heures du matin, celui-ci s’est levé pour faire la note d’un client arrivé la veille. Le temps de faire sa toilette, le pensionnaire s’était envolé et sa petite-fille aussi. Il a suffi de quelques minutes d’inattention. Un mois plus tôt, dans la soirée du 25 mars, Peng Gaofeng, 31 ans, s’affairait dans la boutique qu’il venait à peine d’ouvrir à Shenzhen, dans le sud du pays. Son fils Peng Wenle, 3 ans et demi, jouait sur le trottoir. Disparu, devant les voisins et les nombreux passants. Depuis, Peng Gaofeng regarde inlassablement les dernières images de son petit garçon. Les caméras de vidéosurveillance, omniprésentes dans les villes chinoises, ont filmé un homme en chemise blanche et pantalon sombre qui passe et repasse devant la boutique. Bientôt, l’homme part tranquillement, tenant Peng Wenle par la main. Il y a aussi Zhou Junjie, 5 ans, «disparu» le 5 juillet 2006 à 21 heures du marché de Wuhan, la mégapole sur le fleuve Yang-Tsé, où sa mère vendait des légumes ; Zhang Zi Xuan, 2 ans et 3 mois, enlevée sous les yeux de ses grands-parents dans une rue de la même ville.

Selon les statistiques officielles, variables d'une source à l'autre, entre 8 000 et 15 000 enfants, dont trois quarts de garçons, disparaissent chaque année en Chine, victimes d'un «trafic humain» mollement combattu par les auto