Roberto Saviano et Misha Glenny
La crise actuelle affecte-t-elle aussi les mafias ? Ou représente-t-elle, au contraire, une opportunité pour s’infiltrer ultérieurement dans les systèmes économiques ?
Misha Glenny : La criminalité organisée est une industrie opportuniste qui est en mesure de répondre aux changements du marché beaucoup plus rapidement que les industries légales. En ce moment, il y a trois secteurs où elle renforce ses activités. Le premier, c'est l'exploitation de ses énormes flux d'argent. La crise provoque une carence de liquidités dramatique dans les économies légales et les mafias commencent à agir comme des banques informelles dans plusieurs pays européens en pratiquant l'usure. En Grande-Bretagne, par exemple, il y a environ dix millions de personnes qui ne parviennent pas à obtenir des prêts. Elles s'adressent à un marché parallèle que les forces de l'ordre n'arrivent pas à contrôler.
Le deuxième secteur en expansion est celui du crime informatique, de l’escroquerie au vol d’identité. Exemple : deux semaines seulement après l’effondrement de la Northern Rock et sa nationalisation, une organisation criminelle était déjà en possession des noms, des données et des contacts de tous les anciens clients de la banque. Les informations ont été utilisées pour leur proposer de nouveaux investissements en apparence parfaitement licites, mais qui, en réalité, étaient illégaux. C’est très instructif sur la capacité de réaction des groupes criminels.
Le troisième secteur est celui de la contrefaçon, qui vit une période dorée. Il ne s’agit pas seulement de DVD pirates ou de faux sacs à main à la mode. Depuis l’Extrême-Orient, des fausses mousses à r