L’immigration a pris ces dernières années une tournure tragique pour beaucoup d’entre nous qui, tentés par la promesse d’une vie meilleure, fuient leur pays inconscients de la réalité qui les attend. J’ai aussi été un migrant clandestin. Sous la pression psychologique, sociale et familiale, j’ai quitté le Sénégal. J’ai risqué ma vie plusieurs fois, traversé 12 pays, parcouru plus de 30 000 km, vu mourir mes compagnons de route, dû quitter ma famille, mes amis, mes repères pour toucher du doigt le rêve de toute une génération d’Africains : l’Europe. Je réside aujourd’hui en France avec un titre de séjour régulier. Aujourd’hui, j’affirme que l’immigration tous azimuts est un double drame. Pour le pays d’origine et pour le pays d’accueil. Je déplore l’irresponsabilité d’un internationalisme naïf qui voit dans l’émigration vers les pays du Nord le salut de ceux du Sud. Cette migration africaine est fondée sur une fausse perception des pays riches considérés à tort comme des sociétés d’abondance, de fête éternelle, de luxure et de plein emploi permanent. Cette désinformation a failli me coûter la vie. Je suis loin d’être le seul.
Nul ne peut ignorer aujourd’hui les milliers de morts victimes du rêve de l’eldorado. Tous les jours échouent sur les plages européennes des pirogues chargées d’individus victimes d’un odieux lavage de cerveau. Tout un continent est convaincu que son avenir est ailleurs que chez lui.
Réussir en Afrique même ? Plus personne ne semble y croire. Ni ceux qui p