La crise économique mondiale s’attaque sans pitié aux secteurs les plus vulnérables de la société, et d’abord aux immigrants sans papiers, peu à peu transformés ces dernières années en êtres «illégaux», sans patrie, sans travail, sans avenir. Le drame ne se joue pas seulement aux frontières de la forteresse Europe, du côté du bassin méditerranéen ou de l’axe Afrique occidentale-Canaries.
Ces personnes, considérées comme suspectes en raison de la couleur de leur peau ou de leurs caractéristiques «ethniques», sont prisonnières d’un labyrinthe invisible, sans issue. Nous les croisons dans le métro, dans les rues de Madrid, de Paris ou de Rome, et nous ne soupçonnons pas l’inquiétude qui les hante, leur appréhension d’une vie sans horizon, en équilibre précaire sur le fil d’un rasoir ébréché.
Vont-ils trouver un emploi non déclaré ? Accepter, comme dans leur pays d’origine, les conditions draconiennes d’un exploiteur sans scrupule ? Le recours à cette nouvelle forme de servitude fait néanmoins de plus en plus problème. Les Etats de l’Union européenne durcissent leur législation, et les sanctions dissuadent les entrepreneurs ou les patrons de prendre ce risque. Reste la planche de salut de la solidarité, ô combien aléatoire et fragile.
Lors de mon récent séjour à Paris, j'ai vu l'exposition photographique de la romancière Carole Achache dans le hall de la mairie du XIe arrondissement : une quarantaine de mains anonymes accompagnées d'un historique d'une brièveté télégraph