Encaissée entre deux pans de montagnes tout près de l'épicentre, la ville de Beichuan a été rayée de la carte par le séisme du 12 mai 2008. Elle n'est plus qu'un amas de ruines ou de bâtiments tordus. Lors de la secousse, les deux tiers de sa population y ont péri, soit une vingtaine de milliers de personnes, dont près de 5 000 sont encore sous les gravats. Un an après le tremblement de terre, des milliers de personnes venues de tout le pays y affluent chaque jour par curiosité. Rien que le week-end du 1er mai, plus de 500 000 de ces «touristes des ruines», comme on les appelle ici, ont défilé. L'objectif annoncé par les autorités est de transformer ce tourisme en une manne de revenus. Dans l'ensemble de la province du Sichuan, 173 sites mémoriaux ont été approuvés, dont la moitié est déjà en construction, pour un total de près de 600 millions d'euros. Dans Hanwang, commune durement touchée, par exemple, un musée du tremblement de terre propose une «immersion totale» avec une salle qui remue en reproduisant l'effet de la secousse de 7,8 sur l'échelle de Richter. Sur les murs, un projecteur affiche des images d'effondrements.
Pendules arrêtées. La ville de Beichuan va être aménagée en une sorte d'immense parc naturel à thème, malgré de nombreuses critiques, aussi bien sur Internet que dans la presse officielle. Ce type de tourisme force en effet les résidents à revivre des moments difficiles, pollue, et l'argent serait mieux utilisé, au moi