Depuis peu, Demjanjuk apparaissait en fauteuil roulant : pour mieux convaincre de la cruauté que serait son transfert vers l’Allemagne ? La cour d’appel de Cincinnati (Ohio) n’a pas cédé à la démonstration, estimant qu’un avion médicalisé ferait l’affaire. D’autant qu’on l’avait vu quelques jours auparavant se déplacer sans assistance aucune.
Le voilà donc arrivé à Munich (lire page 11). L'ancien garde de camps nazis a enfin été expulsé vers l'Allemagne, qui s'apprête à organiser son procès pour crimes contre l'humanité. Dans la nuit de lundi à mardi, ce vieil homme de 89 ans a quitté la banlieue de Cleveland, dans l'Ohio, où d'Ivan, il était devenu John. Il croyait y terminer sa vie dans la tranquillité qu'on lui avait accordée «au bénéfice du doute». Car la justice d'Israël a déjà jugé Demjanjuk, condamné à mort en 1988, puis acquitté en 1993, lui accordant à regret un sursis de plus de quinze années avant qu'il n'ait à nouveau à rendre compte de son passé.
L’affaire Demjanjuk commence en 1977. L’Amérique est sur le point de donner naissance à l’Office de recherches spéciales (OSI), chargé de démasquer les anciens criminels nazis réfugiés sur son sol. Elle vient de prendre connaissance d’une copie du «document de Trawniki» : une carte, sorte de pièce d’identité délivrée par les nazis à ceux qu’ils entraînaient dans ce camp polonais au «métier» de garde-chiourme. Le matricule 1393 est attribué à un certain Ivan Demjanjuk. Le témoignage d’un de ses compatriot