On parle volontiers de «concert des nations» et l’expression «ballet diplomatique» revient dans les médias à l’occasion de chaque crise. Réglé dans ses moindres détails par le protocole, le rituel des relations interétatiques incite à la métaphore musicale. Sur une partition à la française, car pendant deux siècles - depuis le traité de Radstadt en 1714, le premier qui ne fut pas écrit en latin, jusqu’à celui de Versailles en 1919, également rédigé en anglais - le français fut la seule langue diplomatique internationale.

«Nature complexe». Si la matière est riche, l'exercice d'un double film (le second passe le lundi 23 mai) sur l'histoire de la diplomatie française tient pourtant de la gageure. «J'ai été confronté à ce défi: comment mettre en image l'histoire de cette institution qu'est la diplomatie française, une activité aussi discrète que purement intellectuelle» explique Jean Musitelli, auteur du film, qui fut conseiller diplomatique de l'Elysée pour François Mitterrand.

Entre interviews d'historiens ou de diplomates, images d'archives et extraits de films, dont le très grinçant Diable boiteux de Sacha Guitry sur Talleyrand et le congrès de Vienne, ce documentaire réussit son pari «de montrer la nature complexe de la diplomatie française, au cours des deux derniers siècles, et comment elle reflète celle de la nation». La diplomatie, c'est un art : celui des relations entre Etats pour éviter les guerres mais aussi celui de tisse