A la fin des années 90, les Tigres étaient maîtres d'un vaste territoire allant du nord à l'est du Sri Lanka. A Jaffna, la capitale tamoule, la guérilla voulait montrer qu'elle ne savait pas seulement faire la guerre, mais aussi administrer l'Eelam - le nom donné par les Tamouls à leur pays. Sûrs que leur indépendance était à portée de main, les Tamouls en treillis invitaient le visiteur à assister à des procès publics, vitrine de leur futur Etat.
Le tribunal, où trônait un portrait du leader, Velupillai Prabhakaran, était constitué de trois juges, tous des anciens combattants amputés, l’un d’une jambe, l’autre des deux, et le troisième d’un bras. Agés d’à peine 19 ans, ils tranchaient en infligeant sans ciller la peine capitale au moindre coupable de larcin. Aux visiteurs qui avaient traversé la ligne de front pour se rendre en «pays tigre», on cachait les brigades d’enfants-soldats fanatisés de 12 à 16 ans que le mouvement envoyait au casse-pipe. Mais l’on pouvait bavarder autour d’un thé noir avec des groupes de «tigresses» spécialement entraînées pour se jeter dans les tranchées ennemies munies de ceintures d’explosif. Des jeunes femmes en uniforme rayé comme le pelage d’un félin, étonnamment souriantes, recrutées chez les basses castes hindoues. Il en serait mort des centaines.
Attentat-suicide. Ne reculant devant aucune violence, les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE) ont été les précurseurs de l'attentat-suicide, leur «griffe». Une m