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Libération

En Irlande, soixante ans de sévices dans les institutions catholiques

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Religion. Après neuf ans d’enquête, une commission dénonce une maltraitance systématique.
publié le 22 mai 2009 à 6h51
(mis à jour le 22 mai 2009 à 6h51)

C’est une longue litanie de violences physiques et sexuelles systématiques, d’humiliations, de mauvais traitements, de négligences et d’ignorance. Les quelque 2 600 pages du rapport d’enquête sur les abus dont ont souffert des milliers d’enfants placés dans des institutions catholiques irlandaises financées par l’Etat, sur une période de soixante ans, coupe le souffle.

«J'ai passé six ans chez les Sœurs- de-la-Miséricorde avant d'être transféré, alors que j'avais 8 ans, dans l'école industrielle de Glin, à Limerick, gérée par les Frères chrétiens», nous raconte Tom Hayes, né en Irlande, d'une mère célibataire, en 1946. Il avait deux ans quand il fut placé. Le cauchemar commença. «C'étaient des violences physiques exceptionnelles, des abus sexuels de la part de garçons plus âgés, et les Frères nous menaçaient quand on se plaignait», raconte-t-il. A 16 ans, il quitte l'institution et économise grâce à des petits boulots de quoi payer son voyage vers l'Angleterre. «Il ne faut pas oublier que l'Etat irlandais ne nous a jamais offert aucun soutien, financier ou moral.» Il entre dans le régiment des fusiliers royaux irlandais. «Ils m'ont rendu la raison. J'avais trouvé une famille.» Sa véritable famille, il ne l'a retrouvée qu'en 2004, grâce à Barnardo's, une organisation caritative qui lui apprend que sa mère vient de mourir. «On m'avait dit qu'elle était morte à ma naissance.» Il a retrouvé des frères et sœurs, des oncles, des tantes,