Guantánamo est une tache sur l’Amérique. Les images des spectres en combinaison orange, encagés dans la prison américaine, tout comme les photos d’Abou Ghraib, ont corrompu à tout jamais la représentation des Etats-Unis. Comment donner des leçons de morale au reste du monde lorsque l’on s’abstrait ainsi des règles de droit ? Comment justifier une intervention au prétexte d’une démocratisation des pays conquis lorsque l’on ne respecte pas les propres principes que l’on veut imposer ? Obama qui connaît par son sang et son éducation les pays du Sud a bien compris les dommages faits par Guantánamo à l’Amérique. L’une de ses premières décisions a été d’annoncer la fermeture de ce camp. Depuis, la raison d’Etat a eu raison de cette déclaration de principes. C’est regrettable. Bien sûr, les centaines de détenus passés par ce camp ne sont pas tous des amis de mère Teresa. Une étude, qui a providentiellement fuitée du Pentagone, montre leur potentielle dangerosité. Mais rien ne peut justifier que des hommes, certains mineurs au moment de leur arrestation, restent emprisonnés depuis sept ans sans règles, ni jugement. Une démocratie montre sa force et sa vertu en combattant par le droit, y compris ses pires ennemis. Le recours aujourd’hui envisagé par Obama aux cours militaires pour les détenus restant à Guantánamo ne répond pas aux critères légaux auxquels ont droit les accusés. S’il veut faire oublier la tache de Guantánamo, Obama doit traduire en justice tous les prisonniers devant
EDITORIAL
Tache
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par François Sergent
publié le 22 mai 2009 à 6h51
(mis à jour le 22 mai 2009 à 6h51)
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