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Libération

Et Franco cassa la voix du flamenco

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publié le 23 mai 2009 à 6h51
(mis à jour le 23 mai 2009 à 6h51)

Je me demande si j'oserais publier cette lettre en Espagne, où le flamenco - danse et chant (la copla) - est entré récemment à la Bibliothèque nationale, sans doute un peu poussé par la ferveur des masses, pas seulement populaires. Federico García Lorca et d'autres grands écrivains contemporains (comme Vázquez Montalbán ou Caballero Bonald), des compositeurs classiques de la trempe d'un Manuel de Falla, ou modernes comme Mauricio Sotelo, des cinéastes comme Díaz Yanes ou Almodóvar, lequel fait entendre à la fin de son dernier film - les Etreintes brisées - le cantaor flamenco Miguel Poveda : voilà quelques-uns des illustres admirateurs du flamenco, un art sans aucun doute extraordinaire, qui donne de l'urticaire à beaucoup d'entre nous.

Fascinant. Bien qu'il ne soit pas conseillé de sortir en mai quand on a une allergie, je suis allé voir l'imposante expo sur la copla qui a attiré massivement le public à la Bibliothèque nationale ; j'ai même poussé plus loin, jusqu'à la salle d'expositions d'El águila, un complexe culturel qui occupe, au sud de Madrid, les magnifiques bâtiments en brique d'une ancienne brasserie ; c'est là qu'on rendait hommage à Miguel de Molina (aucune parenté avec l'auteur de ces lignes), un personnage qui, en dépit de mes résistances - pas seulement épidermiques - au flamenco, m'a toujours fasciné. Molina est mort en 1993, après une retraite amère à Buenos Aires, ville où il est enterré, dans le grand c