Arif Jamal est un spécialiste du Pakistan de l'université de New York. Il est l'auteur d'un livre paru la semaine dernière aux Etats-Unis Shadow war, the untold story of jihad in Kashmir, «la guerre des ombres, l'histoire secrète du jihad au Cachemire» .
Que veut le Pakistan ?
La politique du Pakistan est celle de l’armée pakistanaise, car c’est elle qui détient le pouvoir réel dans ce pays, en tandem avec les services secrets, l’Inter-services Intelligence (ISI). Or, l’objectif primordial de l’armée est de reprendre le Cachemire [territoire divisé entre l’Inde et le Pakistan depuis 1947, ndlr]. Afin d’y parvenir, l’armée et l’ISI soutiennent militairement les jihadistes du Cachemire et leurs alliés talibans.
L’armée pakistanaise joue-t-elle double jeu ?
Elle a toujours joué un double jeu. Après le 11 Septembre, le général président Pervez Musharraf a continué, via l’ISI, à fournir une aide militaire et logistique aux jihadistes du Cachemire et aux talibans afghans - à qui il a accordé une liberté d’action quasi totale. Ils ont levé des fonds importants auprès des Pakistanais, ce qui leur a permis de revenir en force.
Quelle est la marge de manœuvre du gouvernement démocratique pakistanais ?
Le gouvernement a les mains liées dans le dos par l’armée et les services secrets. Le président Asif Zardari et son Premier ministre Yousuf Gillani veulent réellement anéantir le mouvement jihadiste. Mais ils en sont incapables. Les services secrets ont les moyens d’en finir avec les jihadistes et les talibans, mais ils refusent de le faire.
Les offensives lancées par l’armée à Swat sont-elles de la poudre aux yeux ?
Le scénario est le même que ce qui s’est passé jusqu’ici dans les zones tribales. L