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Libération
TRIBUNE

Une envie d’Albanie

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par Michel Godet et Francis Mer
publié le 28 mai 2009 à 6h52
(mis à jour le 28 mai 2009 à 6h52)

Peu de gens sont capables de situer l’Albanie sur une carte : quelque part dans les Balkans, au nord de la Grèce, mais aussi au sud et à l’ouest des morceaux de l’ancienne Yougoslavie que sont le Monténégro, le Kosovo et la Macédoine, ces deux derniers étant peuplés d’Albanais que les partages de l’histoire ont séparés.

Le peuple albanais a beaucoup souffert au cours de l’histoire, son indépendance a moins d’un siècle. Le «pays des aigles» a vu passer tous les envahisseurs et connu cinq siècles d’occupation ottomane. Situé à la frontière des influences occidentales, orientales et slaves, il comprend aujourd’hui 70 % de musulmans et 30 % de chrétiens (10 % de catholiques au nord et 20 % d’orthodoxes au sud). Partout, les mosquées flambant neuves, financées par les pays du Golfe, côtoient sans problème les croix des églises. Dans les cimetières, la cohabitation des confessions est tout aussi paisible. Il faut dire qu’après quarante ans d’embrigadement communiste, c’est le sentiment national qui est devenu la principale religion. Il n’empêche que la patrie de mère Teresa est un bel exemple de pluralisme des confessions. L’islam est en principe dominant, mais il n’y a pas de femmes voilées, les écoles sont naturellement mixtes et surtout pluriconfessionnelles, comme beaucoup de mariages, et presque tout le monde mange du porc et boit du vin. En réalité, la croyance apparaît comme une liberté retrouvée après quarante années d’interdiction, mais les pratiques religieuses sont rédui