l’Union européenne présente tous les symptômes de la décadence. Ses citoyens sont persuadés que la guerre ne peut arriver qu’aux autres et qu’ils ont à jamais gagné leur place au soleil (à quelques exceptions près, comme dans les Balkans) : ils seraient promis à vivre à jamais dans un monde pacifique. Dangereuse illusion. Car si l’Union s’enorgueillit de ses «valeurs» et de son «pouvoir normatif» qui lui permet de régler pacifiquement ses conflits internes, elle ne sait tout simplement pas comment les défendre contre l’extérieur, par exemple contre la Russie ou la Turquie. Deux crises récentes ont donné à l’Union un avertissement salutaire. La guerre entre la Russie et la Géorgie, l’été dernier, et la crise du gaz, en janvier, ont souligné que les guerres et la brutalité dans les rapports entre Etats n’ont nullement disparu.
Ce sont des réalités inconfortables pour l’Union, puisque son principal mythe fondateur est celui d’une paix éternelle et la conviction que les Etats doivent régler leurs problèmes par la négociation et le compromis. En conséquence, l’Union suppose que la guerre appartient au passé, comme si les guerres étaient pour les autres, des peuples moins raffinés, moins cultivés. Mais les guerres sont partie intégrante de la politique internationale et de la nature humaine, elles nous concernent donc au premier chef. Faire la guerre nous a traditionnellement appris qui «nous» sommes. Au Moyen Age, l’Europe était la chrétienté, et l’Islam et les Ottomans, nos ennem