Le 12 mai dernier, Liu Shihui, avocat à Canton, prend le métro avec son nouveau tee-shirt imprimé : «Parti unique, dictature, désastres partout». En quelques minutes, des policiers l'encerclent, la phrase est «subversive». «C'est un slogan du Parti communiste chinois [PCC, ndlr] en 1946, quand il s'opposait au parti nationaliste du Kuomingtang ! proteste l'avocat. Aucune loi n'interdit de citer les slogans du PCC, si vous m'arrêtez pour ça, je vous fais un procès !» Et il poursuit son chemin. Au dos du tee-shirt de Liu Shihui, une citation de Liu Shaoqi, ancien dirigeant historique : «Le PCC lutte contre la dictature du parti unique du Kuomingtang.»
L'anecdote illustre le combat quotidien de nombreux avocats chinois : faire connaître leurs droits aux citoyens et les faire respecter par les autorités policières et judiciaires. Autrement dit, faire de la Chine qui ne connaît pas la séparation des pouvoirs, un Etat de droit. «C'est un choix historique», assure Li Jinsong, 44 ans, défenseur de causes sensibles, des victimes du lait contaminé aux dissidents emprisonnés. «En 1989, les gens réclamaient un absolu de justice et de liberté, c'était une revendication idéaliste, je dirais même communiste, car nous étions encore dans ce modèle. Aujourd'hui, c'est la société civile, la nouvelle bourgeoisie, qui revendique ses droits concrets : liberté d'expression et d'association, tout le monde égal devant la loi… Nous sommes là pour les aider deva