Menu
Libération
Interview

Face à la Chine, c’est l’angoisse qui domine en Occident

Article réservé aux abonnés
La sinologue Marie Holzman revient sur l’attitude de l’Europe à l’égard de Pékin:
publié le 2 juin 2009 à 6h52
(mis à jour le 2 juin 2009 à 6h52)

Marie Holzman, sinologue, présidente de Solidarité Chine, est l'auteur de nombreux ouvrages sur le pays. Le dernier a été écrit avec Noël Mamère : Chine, on ne bâillonne pas la lumière, Tiananmen 20 ans après (1).

Le maintien au pouvoir du régime chinois ne remet-il pas en cause la notion occidentale selon laquelle la démocratisation va de pair avec l’économie de marché ?

L'Occident est encore dans l'illusion que le développement économique chinois mène à la démocratie, d'autant plus que les dirigeants chinois le disent aussi, quand ils affirment être dans une «phase transitoire» qui mènera à une démocratie «à la chinoise». La faiblesse de l'Occident est de ne pas se camper plus énergiquement sur ses propres valeurs en disant à Pékin qu'il ne fera pas l'économie de passer par le respect des droits individuels et une certaine protection sociale, et le plus vite possible.

Les sanctions imposées par l’Union européenne après Tiananmen ont-elles servi à quelque chose ?

La principale sanction, un embargo sur les ventes d’armes sophistiquées à la Chine, est toujours en vigueur, malgré la volonté de la France de le lever. Chaque fois que l’Europe était sur le point de révoquer ces sanctions, la Chine a montré qu’on ne pouvait pas lui faire confiance dans l’usage de ces armes, qu’elle peut potentiellement utiliser contre sa propre population ou contre Taiwan. Cet embargo est utile dans la mesure où il reste aujourd’hui encore un symbole très fort. La Chine fait d’ailleurs une énorme pression pour qu’il soit levé.

Le «dialogue» régulier sur la question des droits de l’homme entre l’Europe et la Chine sert-il à quelque chose ?

Le pouvoir chinois y est