MADRID, de notre correspondant
II-SP. On dirait un nom de code ou une étrange formule cryptée. En réalité, c’est le sigle d’une formation politique inconnue au bataillon, créée spécifiquement pour le scrutin européen : II-SP, littéralement Initiative internationaliste- solidarité entre les peuples. Rien de bien méchant en apparence. Sauf que tout le sérail politique espagnol y voit l’ultime cache-sexe des séparatistes basques pro-ETA.
Eradiqué. En 2003, la grande vitrine de l'organisation armée, Batasuna, est mise hors-la-loi par la justice, pour ses «liens organiques avec le groupe terroriste ETA». Depuis, peu avant chaque élection, c'est le même rituel : les leaders indépendantistes basques s'ingénient à créer de toutes pièces une formation leur obéissant au doigt et à l'œil. Et, in extremis, la justice étouffe le nouveau-né, après avoir fait la preuve qu'il n'est qu'un appendice des dirigeants d'ETA. Ainsi, le PCTV a été éradiqué du Parlement basque, et ANV a été radié des municipalités d'Euskadi (le Pays basque espagnol) et de Navarre. Pour la première fois depuis les années 80, aucune force pro-ETA n'est présente dans les institutions espagnoles.
Mais, à l'orée de ces européennes, une brèche s'est ouverte. La semaine dernière, à la surprise générale, le Tribunal constitutionnel n'a pas interdit II-SP, estimant que les preuves de ses supposés liens avec les terroristes d'ETA, «n'étaient pas suffisamment fondées». Ce qui a