En arrivant de sa province, en 2004, Liu Xiao Yuan ne savait pas se servir d'un ordinateur. Cinq ans plus tard, cet avocat est un blogueur frénétique. Inscrit sur différents portails, il diffuse ses articles sur une dizaine de blogs différents, qu'il active ou ferme au gré de la censure. Le portail Sina affiche : «L'article que vous avez publié est illégal.» Liu bascule alors sur le portail Sohu : «La cyberpolice ne peut pas être partout, dit-il, il y a toujours un endroit où ça passe.» Fin 2008, la Chine comptait 298 millions d'internautes, dont 162 millions de blogueurs, selon les statistiques officielles.
Cache-cache. Avocats, journalistes, essayistes, historiens, citoyens, tous ceux dont les mots troublent «l'harmonie», se retrouvent sur la Toile. Pour rire, se moquer, dénoncer, et débattre à l'infini en jouant à cache-cache avec les cyberpoliciers animés en embuscade sur l'écran. «Il y en a souvent un sur une moto en guise d'avertissement», dit Liu Xiao Yuan. Pour Ai Wei Wei, artiste pékinois qui vient de lancer une campagne sur les écoles mal construites du Sichuan, le Web est la révolution des vingt dernières années. «Les médias traditionnels n'ont pas changé ou peu, mais avec Internet il n'est plus possible de tout cacher. C'est un outil d'une incroyable puissance.»
Dans la province la plus reculée, il y a toujours un internaute qui veille. Le plus petit incident est mis instantanément en ligne ave