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Libération

Tiananmen, place forte

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publié le 2 juin 2009 à 6h52
(mis à jour le 2 juin 2009 à 6h52)

Un gigantesque coup de théâtre, une révolution avortée, une tragédie sanglante. Tout commence lorsqu'une nuée d'étudiants se mettent à camper au cœur de Pékin sur la «place de la Paix-Céleste», sous le portrait de Mao Zedong, des semaines durant. Nourris de marxisme, ils chantent à tue-tête l'Internationale communiste et déclament le célèbre «donnez-moi la liberté ou la mort» de la révolution américaine. Une jeunesse mobilisée par l'injustice, la corruption des apparatchiks et surtout le désir patriotique de faire, enfin, de la Chine, un pays riche et moderne. «C'est pourquoi il nous faut la démocratie», disent-ils… La population les soutient et certains, au sein du pouvoir, sympathisent avec cet idéal.

Mais la jonction cruciale entre la rue et les dirigeants éclairés - qui s’opérera peu après, avec succès, en Europe de l’Est et en Union soviétique - ne se fait pas. A Pékin, le coup d’Etat de sortie du communisme n’aura donc pas lieu. Dans un sursaut, la vieille garde, composée de pionniers du maoïsme, revient du bord du précipice, envoie l’armée et réprime dans le sang dans la nuit du 3 au 4 juin 1989. Entre 700 et 2 500 personnes périssent alors que l’armée se fraie un chemin jusqu’au cœur de la capitale…

Sabotage. Dès la fin 1988, la Chine n'attendait qu'une étincelle. Zhao Ziyang, numéro 1 du Parti et réformiste résolu, venait de lancer des réformes politiques : séparation des fonctions du Parti et du gouvernement, indépendance j