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Adolescence perdue à Guantánamo

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Droits de l’homme. Emprisonné et torturé depuis 2003, Jawad, 19 ans, veut rentrer à Kaboul.
publié le 3 juin 2009 à 6h51
(mis à jour le 3 juin 2009 à 6h51)

Mohammad Jawad a disparu le 17 décembre 2002 à Kaboul. «Il travaillait avec moi ce jour-là, raconte Gulnak (1), son oncle. On creusait un puits dans le jardin d'une maison. Il s'est absenté vers midi. Il n'est jamais revenu. Avec sa mère, on a longtemps cru qu'il avait été kidnappé par des bandits.»

Jawad n'a pas été enlevé par une bande criminelle. Accusé d'avoir lancé une grenade sur une patrouille américaine, blessant deux soldats des forces spéciales et leur interprète, il a été arrêté par la police afghane. Transféré à la prison de Bagram, il a été envoyé à Guantánamo en février 2003. Il y est toujours. «Ce garçon a été arrêté à 12 ans, soutient Eric Montalvo, son avocat militaire américain. Il a été torturé par la police afghane et le gouvernement américain. Il a passé son adolescence enfermé sans savoir s'il serait un jour jugé. Il est temps qu'il sorte de sa cage.» Lundi, le gouvernement afghan a officiellement demandé à l'ambassade des Etats-Unis à Kaboul le rapatriement de l'adolescent dans son pays. «Nous attendons du gouvernement américain qu'il laisse rentrer Jawad sans délai», explique le procureur afghan, Sayed Sharif Sharif, pour qui la détention du jeune homme est «totalement illégale».

Enchaîné. Le calvaire de Jawad a donc débuté vers 15 h 30, le 17 décembre 2002, lorsqu'il est emmené au commissariat du deuxième district de Kaboul. Dans ses premières déclarations, il nie avoir lancé une grenade sur