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Libération
Interview

«Un échec idéologique de la gauche»

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Pour Dominique Reynié, politologue, il n’y a pas de modèle social-démocrate européen :
publié le 3 juin 2009 à 6h51
(mis à jour le 3 juin 2009 à 6h51)

Professeur à Sciences-Po, Dominique Reynié vient de réaliser une enquête auprès de 15 000 Européens. Pour lui, il existe une véritable opinion publique européenne où la droite joue un rôle leader.

Démocratie chrétienne et social-démocratie sont les piliers historiques de l’Europe. Pourquoi la première est-elle aujourd’hui leader ?

La domination de la démocratie chrétienne et de la droite libérale est depuis quelques années très nette en Europe. Il y a plusieurs raisons à cela. D’abord une donnée démographique : l’Europe vieillit. Le poids relatif des seniors est d’autant plus fort que l’abstention est importante et qu’ils sont plus nombreux à se déplacer pour voter. Les partis de droite l’ont bien compris et répondent mieux à leurs attentes. Ils souhaitent de la sécurité, craignent l’immigration extra-européenne, s’inquiètent pour la protection sociale. Les retraites ? La droite brandit la sécurité et n’hésite pas à creuser les déficits s’il le faut.

Les sociaux-démocrates ne peuvent-ils pas faire de même ?

Ils sont beaucoup moins à l’aise que la droite sur les questions de sécurité ou d’immigration. Et sur la protection sociale, la droite européenne n’est pas ultralibérale. Elle peut être interventionniste, et Nicolas Sarkozy en est la parfaite illustration. Face la crise, la droite n’a pas eu d’états d’âme pour augmenter la dette dans l’ensemble des pays d’Europe. La droite gère de façon pragmatique, quand la gauche européenne ne parvient pas à s’entendre sur le modèle européen qu’elle veut promouvoir. La droite s’accommode tout à fait du modèle actuel et se contente de répondre aux attentes de l’opinion publique. Sur la Turquie, par exemple, la droite est beaucoup