Intox. L'UMP en a fait le thème majeur de sa campagne européenne : la France s'opposera à l'adhésion de la Turquie dans l'UE. Un discours opportun : pour une bonne partie de l'électorat français - mais aussi autrichien, allemand, néerlandais -, la Turquie cristallise toutes les peurs nées du grand élargissement à l'Est de 2004, puis de 2007 avec l'entrée de la Roumanie et la Bulgarie. Hantises des délocalisations, de l'immigration, voire de l'islam.
Ce pays peuplé de plus de 70 millions d'habitants, à 99 % musulman, est notamment frontalier de l'Iran, l'Irak et la Syrie. Une aubaine pour jouer sur les peurs de l'électorat. Selon une récente enquête CSA pour le Parisien, quelque 50 % des Français s'opposent encore à l'adhésion turque. Il y a deux ans, ils étaient 65 % à y être hostiles. Cela représente une légère amélioration mais le refus de la Turquie dans l'UE reste le grand cheval de bataille de la droite française, d'autant que, dans ses rangs, les «turcophobes» sont plus de 67 %. Ils sont aussi 71 % parmi les partisans du Modem mais seulement 49 % chez les électeurs socialistes.
Nicolas Sarkozy a ainsi annulé une visite en Suède après une interview du ministre des Affaires étrangères, Carl Bildt, jugée trop turcophile, et, dans un appel commun avec Angela Merkel, il soulignait dimanche la nécessité de mettre des frontières à l’UE… Mais cette position maintes fois répétée vaut au Président et à l’UMP, en retour, une accusation récurrente de double