Al'heure où UMP, PS et Modem s'acharnent à faire de l'élection européenne un troisième tour de 2007 ou un tour de chauffe de 2012, c'est un vrai plaisir de lire, sous la plume de trente-six économistes, un plaidoyer pour le programme du Front de gauche (Libération, 19 mai). Enfin un peu de contenu ! Dans ce qui nous est présenté, une bonne partie satisfera en fait un arc assez large d'économistes et de militants faisant référence aussi bien au Front de gauche qu'au PS ou à Europe Ecologie. Ainsi : la régulation financière, une nouvelle politique pour la Banque centrale européenne (BCE), le développement des services publics, un emploi décent pour tous, la convergence par le haut, etc. Encore faut-il remarquer que certaines propositions des trente-six, tel un «écart maximal de revenus», figurent dans le programme d'Europe Ecologie («revenu minimum et revenu maximum européens») plutôt que dans celui du Front de gauche !
Toutefois, leur tribune pose deux problèmes rédhibitoires. Le statut de l'Europe, d'abord. Les auteurs (qui sont de bons économistes !) reconnaissent que «les Etats-nations ont des marges de manœuvre. Par sa puissance, l'Europe est néanmoins un cadre idéal pour une autre politique». Mais l'Europe actuelle, celle de Maastricht-Nice, dans laquelle nous coincent depuis maintenant quatre ans les non successifs à toute réforme, si minime soit-elle, en a-t-elle les moyens ? Alors qu'Europe Ecologie détaille ce qui est possible dans les trait