Il est 11 h 30 à la brasserie le Maghreb, devant les platanes de la place Vanhoenacker, dans le quartier populaire de Moulins, à Lille. Ils ne sont que deux à l'intérieur. Obama n'a pas encore parlé, mais Allal, d'origine marocaine, la cinquantaine, a déjà quelque chose à en dire : «C'est simple, il faut nettoyer les juifs. Ahmadinejad, il va le faire». Il dit pire, on en restera là. Au bar, un grand sec plus âgé se raidit : «Moi je suis juif, pourquoi tu parles comme ça ?» Il ajoute : «Je suis juif marocain. Je l'écoute pas. Si j'écoute ça, je reste à la maison».
«Crimes abominables». Allal pense que «tout le mal qui se passe au monde» vient «des juifs», y compris «la chute des tours jumelles». Il trouve en même temps qu'Obama est «un grand monsieur, un intellectuel. Il connaît les mépriseurs et les méprisés. Il a refusé de tendre la main aux fascistes israéliens». Le grand sec : «Je parle pas de politique.» Allal continue : «Gaza, Sabra et Chatila, des crimes abominables, où est la justice internationale ?»
Obama commence. Ils se taisent. Le Président évoque les origines musulmanes de son père, l'appel à la prière «à l'aube et au crépuscule» dans son enfance en Indonésie, l'algèbre, la médecine, la calligraphie. Allal : «Ça fait plaisir de l'entendre.» Le grand sec secoue la tête : «La violence, elle va toujours exister. La paix, c'est tout ce que je souhai