A la veille des élections, les électeurs européens ne paraissent pas prêts à se mobiliser et moins encore les jeunes (1). La manière dont les jeunes générations expriment leur vision de l’Europe témoigne partout de leur intérêt pour le sujet, mais aussi d’une nette dissymétrie entre le point de vue de cette génération de l’avenir et celui des bâtisseurs de l’Europe aujourd’hui.
Pour les jeunes entre 16 et 22 ans, l’Europe est un état de fait, une réalité dont ils sont les contemporains et dont divers aspects leur sont complètement familiers : ils comptent en euros, voyagent en Europe avec une carte d’identité, savent qu’il est possible d’étudier ou de travailler dans un autre pays et l’envisagent souvent. Mais c’est aussi un fait imparfait, inachevé, critiquable sous certains aspects, et ils ont le sentiment que son développement et son perfectionnement leur incombent.
Ils se sentent et se disent différents de leurs parents qui ont moins l'habitude et le goût des voyages, sont moins tournés vers l'étranger, comptent toujours en francs, etc. Ils se sentent également éloignés du monde politique qui ne raisonne pas comme eux et ne les écoute pas, ou peu. Ils se sentent, comme le dit l'un d'entre eux, «renvoyés au stéréotype du jeune qui s'en fout», alors qu'ils affirment leurs valeurs et entendent assumer leur part de responsabilité pour construire l'Europe future. «Ce serait bien que les jeunes construisent l'Europe mais pour l'instant on ne nous laisse pas trop le