«Je suis chrétien, mais mon père est issu d'une famille kenyane qui compte des générations de musulmans. Enfant, j'ai passé plusieurs années en Indonésie et entendu l'appel à la prière à l'aurore et à la tombée du jour», a déclaré Barack Obama. A plusieurs reprises depuis son élection, il a souligné les éléments de sa biographie qui le lient au monde musulman, alors qu'ils avaient failli faire capoter sa campagne électorale. En se les réappropriant, il cherche sans doute à s'attirer un capital de sympathie dans les pays musulmans, mais les symboles ne lui suffiront pas pour obtenir de vrais changements politiques.
Bâton. Les rapports d'Obama à l'islam ont suivi une route tortueuse. Au début de sa campagne, en 2007, il évoquait avec candeur les origines kenyanes de son père, les études coraniques dans une école en Indonésie et s'était même laissé aller à réciter en arabe l'appel à la prière à Nicolas Kristof, chroniqueur du New York Times, qui, impressionné, relevait l'accent de «première classe» du candidat. Le retour de bâton fut immédiat. Ses détracteurs s'emparèrent de ces déclarations pour le dépeindre comme «non-américain», prêt à signer allégeance aux musulmans «ces ennemis de l'Amérique». Même Hillary Clinton, dans le farouche duel qui les opposa durant les primaires, chercha à tirer avantage de ces origines. Au plus fort de la campagne, jusqu'à 25 % d'Américains pensaient qu'Obama était musulman, et ses con