Paul Smith et Ralph Lauren seront sans doute surpris d’apprendre qu’ils ont sponsorisé le vingtième anniversaire du massacre de Tiananmen. C’est la police pékinoise qui a organisé les festivités. Les «volontaires», civils bénévoles et patriotes rameutés pour les grandes occasions, ont été appelés à faire nombre sur la place toute la journée d’hier. Habillés de neuf (et de faux), ils jouent les touristes, déambulant par groupes de couleur, orange pour tel comité de quartier, bleu, vert ou jaune pour une unité de travail de travail, rose pour les policiers retraités, mêlés aux véritables forces de l’ordre en civil ou en uniforme.
De loin, la plus grande place du monde semble semée de confettis. Il ne manque que le blanc des opposants. L'appel de Wang Dan, célèbre dissident exilé aux Etats-Unis, à s'habiller en blanc, couleur du deuil en Chine, n'a pas été suivi. «Trop dangereux», glisse un étudiant, accompagné de deux amies. Ils ont 20 ans, se disent «activistes» et «veulent savoir». Mercredi soir, «informé par Hongkong», l'étudiant a tenté d'approcher le carrefour où devait avoir lieu la commémoration de la mort du fils de Ding Zilin, figure emblématique des «mères de Tiananmen» qui se battent pour que soient reconnues les victimes du 4 juin 1989. Les parents, presque tous consignés dans leurs appartements, ne sont pas venus. L'étudiant s'est vite écarté, impressionné par le nombre de policiers postés au carrefour. Il s'est levé à l'aube po