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grand angle

Surprise-partis à Strasbourg

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Au Parlement européen, la logique binaire majorité-opposition n’a pas cours et aucun vote n’est écrit d’avance. Pour preuve le pied de nez lancé le 6 mai à Paris et à sa loi Hadopi. Le début d’un espace public commun ?
par Jean Quatremer, BRUXELLES (UE), de notre correspondant
publié le 5 juin 2009 à 6h53
(mis à jour le 5 juin 2009 à 6h53)

Daniel Cohn-Bendit, coprésident du groupe vert n’en croit pas ses yeux. Le tableau lumineux de décompte des votes est pourtant formel : le Parlement européen, réuni en session plénière à Strasbourg le mercredi 6 mai, vient d’adopter, à la surprise générale, «l’amendement 46» par 407 voix contre 57 et 171 absentions. Après un moment de flottement, il lève les bras au ciel, trépigne de joie et se précipite dans les bras de sa coprésidente, l’Italienne Monica Frassoni, tout aussi sidérée. Les eurodéputés s’applaudissent eux-mêmes. Ils viennent de s’opposer à la loi Hadopi française en exigeant, à la faveur d’un amendement au «paquet télécoms», déposé par les Verts, que toute coupure de l’accès à Internet soit précédée d’une décision judiciaire. Le coup est rude pour le gouvernement français qui croyait, fort du soutien de ses partenaires, avoir réussi à convaincre le Parlement de laisser chaque pays légiférer librement.

L'affaire Hadopi est exemplaire de la glorieuse incertitude de la vie parlementaire européenne, si éloignée des traditions de la France version Ve République. «Il est très difficile de savoir comment va voter le Parlement sur chaque amendement», explique Gérard Onesta, vice-président vert du Parlement européen. «Le soir de son élection, le 7 juin, personne ne pourra dire comment il va voter durant cinq ans. C'est toute la différence avec un parlement national et surtout l'Assemblée nationale française donton sait qu'elle