Menu
Libération
Interview

«Un soutien pour le camp de la paix en Israël»

Article réservé aux abonnés
Rashid Khalidi, de l’université de Columbia (New York) :
publié le 5 juin 2009 à 6h51
(mis à jour le 5 juin 2009 à 6h51)

«C’est du pur Obama. Il a été sincère, éloquent, mais un peu prêcheur, car Obama est très influencé par les prêcheurs noirs américains. L’ampleur du respect qu’il a montré envers la foi islamique m’a impressionné. Il a osé parler de démocratie, un sujet délicat à aborder dans la capitale d’un régime autoritaire au pouvoir depuis vingt-huit ans. Sur le conflit israélo-palestinien, il a osé parler de choses qui froissent Israël, comme l’occupation. Les Israéliens récusent ce mot. Il a appelé à l’arrêt de l’expansion des colonies israéliennes, quoique dans le texte anglais de son discours, ce n’est pas absolument clair. Il subsiste une ambiguïté.

Le test sera la mise en pratique du discours. Il se peut qu’il soit impossible d’arriver à la solution de deux Etats qu’il préconise. L’occasion a été ratée il y a dix, quinze ou vingt ans déjà. Pour le camp de la paix en Israël, le discours est important car il apporte cette pression de l’extérieur qui peut influencer positivement les événements. Reste à voir s’il y aura une vraie pression des Etats-Unis. Car il faudra peut-être que ce gouvernement tombe pour changer les choses.

J’ai été déçu qu’Obama ne parle pas de l’unité nationale palestinienne, qui est une pré-condition à tout progrès. La politique américaine a consisté jusqu’alors à accentuer les divisions des Palestiniens, et Obama n’a pas signalé qu’il allait changer cette politique. Elle risque de déboucher sur une guerre civile palestinienne et à la dégradation des conditions