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Libération
EDITORIAL

La morale et l’injustice

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publié le 8 juin 2009 à 6h51
(mis à jour le 8 juin 2009 à 6h51)

Dany-le-rouge se change en géant vert : il y a parfois une morale en politique. Le séisme déclenché par Daniel Cohn-Bendit et sa liste Europe Ecologie, qui fait jeu égal avec le PS, en est l’illustration. Le leader écologiste a mené une campagne avant tout européenne, fondée sur un projet de société et sur une longue pratique du Parlement de Strasbourg. Même s’ils ont peu voté, les Français ont donné une prime aux listes qui se sont tenues à l’objet du scrutin : l’élection de députés européens et non la sanction du pouvoir en place, qui n’a pas eu lieu, ou le vote «utile» à gauche, que les électeurs ont jugé parfaitement inutile.

Dans toute l’Europe, la préoccupation environnementale s’accroît. Le succès des Verts français est aussi la traduction de cette prise de conscience, dont la projection du film de Yann Arthus-Bertrand, Home, à deux jours du scrutin, fut un symbole. Par son insigne maladresse, François Bayrou a accentué la tendance. En montrant un visage vindicatif, le leader du Modem, qui croyait affaiblir son rival, a précipité son propre échec. On ne meurt jamais en politique. Mais en une seule phrase, François Bayrou a obéré son avenir présidentiel. Force des mots en politique…

L’autre vainqueur du scrutin, il faut le dire sans ambages, c’est Nicolas Sarkozy. Même si l’abstention doit inciter à la prudence des commentaires - les classes populaires ont boudé le scrutin - le Président ne perd que deux points par rapport à son score de 2007 alors qu’il doit faire face