Les socialistes et sociaux-démocrates européens sont en déroute. Ceux qui gouvernent seuls, comme en Grande-Bretagne où le Labour, usé par douze ans au pouvoir, fait son plus mauvais score depuis 1918. Quand la gauche est en coalition avec la droite, comme en Allemagne, en Autriche ou aux Pays-Bas, c'est elle qui paie le prix fort : le SPD allemand enregistre ainsi son pire résultat de l'après-guerre. Mais l'opposition ne suffit pas à lui redonner du souffle comme on le voit en France ou en Italie. Le paysage d'après la bataille est affligeant (lire aussi pages 12-13).
«Triste soirée». Complaisant face à la mondialisation libérale, le «blairisme», qui a été pendant plus d'une décennie le modèle d'une partie de la gauche européenne, est aujourd'hui politiquement agonisant. C'est vrai aussi bien dans son berceau britannique ou aux Pays-Bas que dans les ex-pays de l'Est, comme en Hongrie où le scrutin européen marque le triomphe d'une droite dure. Mais le repli sur les certitudes du passé n'est guère plus porteur. «C'est certainement une triste soirée pour la social-démocratie européenne» reconnaissait dimanche dans la nuit Martin Schultz, le chef de file des socialistes européens dans le Parlement sortant. Seul le Pasok grec a réussi à battre une droite au pouvoir affaiblie par les scandales.
Keynésianisme. «Jamais depuis la Seconde Guerre mondiale, la gauche européenne n'a été aussi faible et divisée qu'aujourd'hui. Et il