«On peut ruser. On peut, à juste titre, souligner que les électeurs sont de moins en moins fidèles et que la vérité d’aujourd’hui n’est pas celle d’hier… ou de demain. On peut, à raison, évoquer la difficulté spécifique du scrutin européen pour les forces social-démocrates dont l’électorat (jeunes, couches populaires) est plus divisé et moins mobilisé par cet enjeu. On peut encore exciper du fait que dix partis sur vingt-sept ont vu leur score progresser par rapport à 2004. Il faut résister à ces tentations et regarder la réalité en face : la social-démocratie vient de subir une défaite historique.
«Elle a perdu dans la quasi-totalité des pays, grands ou moyens. Elle a reculé là où elle avait réalisé un score exceptionnel en 2004 - comme en France - mais également là où elle avait déjà obtenu un résultat calamiteux - tel le Royaume-Uni. Elle a perdu du terrain là où elle était au pouvoir - en Espagne, aux Pays-Bas, au Portugal et, davantage encore, en Hongrie - mais aussi là où elle était dans l’opposition. Elle a vu dans plusieurs pays son score fondre de moitié…
«Au final, le rapport de forces au Parlement européen sera plus favorable encore au Parti populaire européen, qui compte désormais plus de cent sièges d’avance, alors même que les conservateurs britanniques et tchèques l’ont quitté. Dès lors, on ne peut se contenter d’explications exclusivement nationales - sauf à croire naïvement aux coïncidences les plus extravagantes. Victoire idéologique, défaite électorale, tel