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Libération
Interview

«Il n’y a pas de leaders en Europe»

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Massimo Cacciari Philosophe et maire de Venise (Parti démocrate)
par Eric Jozsef, à Rome
publié le 10 juin 2009 à 6h51
(mis à jour le 10 juin 2009 à 6h51)

«Il s'agit d'une défaite qui vient de très loin. En réalité, la débâcle aux européennes représente l'échec des grandes traditions social-démocrates qui ont construit l'Europe dans la seconde moitié de l'après-guerre mais qui sont en crise depuis les années 80. Avec Reagan et Thatcher, leur modèle social est entré en crise, lorsque l'imposition fiscale, pour financer ce welfare state, est devenue, pour beaucoup de citoyens, intolérable.

«La gauche européenne n’a jamais affronté ces problèmes. Elle n’a pas pris en compte l’émergence de nouvelles classes sociales, de nouveaux types d’entrepreneurs. Dans le même temps, elle n’a pas su construire une Europe nouvelle et une politique étrangère commune pour affronter les nouveaux déséquilibres du monde. Les limites et contradictions de cette gauche ont fini par exploser.

«On a pu croire que Tony Blair avait tracé une nouvelle voie dans les années 90. En réalité, il a simplement passé un compromis avec l’expérience libérale. Blair n’a pas élaboré une politique véritablement nouvelle. Sa personnalité a juste couvert les manquements et les failles politiques, culturelles, intellectuelles de la gauche.

«Aujourd’hui, il n’y a pas de nouveaux leaders en Europe et il n’y en aura pas tant que la gauche ne fera pas l’analyse de l’histoire des trente dernières années, tant qu’elle n’aura pas intégré les mutations colossales qui se sont produites. La gauche est à la remorque. L’alliance avec le centre, qui pouvait sembler être une solut