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Libération
Interview

«La gauche se reposait sur ses lauriers»

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Marc Lazar enseigne l’histoire et la sociologie politique à Sciences-po Paris.
publié le 10 juin 2009 à 6h51
(mis à jour le 10 juin 2009 à 6h51)

Professeur à l'Institut d'études politiques de Paris et à la Libre université internationale des études sociales (Luiss, à Rome), Marc Lazar est spécialiste de la vie politique italienne et des gauches européennes. L'Italie contemporaine (Fayard) vient d'être publié sous sa direction.

La déroute des gauches est-elle générale ?

En Grèce ou à Malte, des partis de gauche ont certes gagné les européennes, mais dans seize des vingt-sept Etats-membres, la gauche a subi des défaites, dont certaines considérables, notamment en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Autriche, en France, en Italie, au Portugal et même en Espagne. Bon nombre de ces partis sont ceux qui ont été le cœur du socialisme européen du XXe siècle. Face à ce constat, il y a deux types d'analyses possibles. L'une tend à relativiser les déconvenues de la gauche, soulignant aussi bien les spécificités du scrutin européen que celles des diverses situations nationales. L'autre, dans laquelle je m'inscris, relève que cette défaite arrive après une série d'autres dans les élections politiques des dernières années.

Pourquoi ces échecs ?

La gauche européenne est en train de se rendre compte qu'elle se reposait sur ses lauriers depuis 1945. Qu'elle soit majoritaire électoralement ou minoritaire, elle restait convaincue d'être culturellement dominante autour d'un projet affirmé notamment par sa partie réformiste, qui était le «welfare» et la politique sociale. Son hégémonie culturelle a encore été accentuée avec les succès de Tony Blair, qui se proposait de déplacer les lig