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Libération
TRIBUNE

Chère Sonia Gandhi, je vous en prie…

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par Tarun J. Tejpal, fondateur et directeur du magazine d’investigation Tehelka.
publié le 11 juin 2009 à 6h52
(mis à jour le 11 juin 2009 à 6h52)

Selon un cliché bien connu, c’est la foi qui fait avancer l’Inde. Nous aimons nos dieux, nous déposons nos réussites et nos échecs à leurs pieds. Vos opposants - et peut-être même vos défenseurs - soutiendront que vous détenez un avantage injuste. Par le truchement du mariage et du déguisement, vous avez fait l’acquisition de tous les dieux appartenant aux hommes politiques indiens, tout en conservant celui que vous aviez apporté de votre lointain pays (1).

Nous nous réjouissons, nous qui ne sommes pas des opposants, que vous ayez un dieu supplémentaire. L’Inde, vous le savez, possède d’innombrables dieux parce qu’elle a d’innombrables problèmes. Donc, nous sommes heureux que vous ayez un dieu supplémentaire. Cela peut toujours servir. Nos dieux sont ludiques, philosophiques, dotés de visages multiples. Souvent leur moralité nous échappe, engoncés qu’ils sont dans les complexités du karma et du dharma, de moksha et de maya. Le dieu qui vous a accompagnée est plus simple et plus définitif. Sans ambiguïté sur l’équité et l’iniquité, le bien et le mal, le péché et la vertu, la charité et la compassion.

Nous nous en réjouissons. Au milieu des excès concrets nés de nos abstractions religieuses, un peu de clarté ne nuit pas. Mais puisque nous acceptons que vous ayez un dieu de plus, il en résulte nécessairement pour vous un surcroît de responsabilités. Le principe est simple : privilège et obligation. Bien entendu, ce n’est pas simple à observer. Nos dieux si joueurs tendent à embro