C’est un coup de sang qui en dit long sur le fossé qui s’est creusé, au fil des ans, entre Africains et Européens. Fin mai, le représentant de l’Union européenne à Bangui a été prié de quitter au plus vite la Centrafrique. Finalement, suite à l’intervention de Paris, le diplomate français quittera le pays, comme prévu, au terme de sa mission, d’ici quelques jours. Mais cette affaire pourrait laisser quelques traces.
En poste depuis 2005 à Bangui, Jean-Claude Esmieu s'est vu reprocher par les autorités locales des propos «peu diplomatiques». Il est vrai que ce diplomate n'a pas sa langue dans sa poche. Le 9 mai dernier, il déclarait dans une adresse au Premier ministre centrafricain: «J'ai vu des décisions courageuses, mais aussi des positions et actions peu conformes avec la morale internationale ou aux aspirations et principes de l'Union européenne», le premier bailleur de fonds de cette ancienne colonie française.
Jean-Claude Esmieu fustigeait notamment une justice qui a réclamé des dommages et intérêts «exorbitants» à une ONG internationale ayant eu le seul tort de réclamer à une entreprise locale la livraison de motos payées à l'avance... Il dénonçait aussi «cet harassement des services des impôts sur les rares entreprises légales qui restent en RCA (République centrafricaine, ndlr)», l'un des pays les plus pauvres au monde.
Mais au-delà des propos musclés du représentant de l’UE, c’est une maladresse qui a, semble-t-il, été exploitée, dé