Les électeurs iraniens ne sont jamais là où on les attend. En 2005, ils avaient élu, à la stupeur des diplomaties du monde entier, un inconnu : Mahmoud Ahmadinejad. C'est ce même homme, qui incarnait alors la rupture avec le système et passait il y a encore quelques semaines pour le grand favori, qui risque aujourd'hui d'être largement battu. Ces derniers jours l'ont vu en effet sur la défensive, quittant même jeudi précipitamment l'université de Téhéran sous les huées de ses adversaires qui lui criaient «Bye bye Ahmadi». Une scène inimaginable il y a peu.
Contestataires. Si le président sortant a perdu du terrain pendant la campagne, un homme, en revanche, en a gagné beaucoup. Lui n'est pas un inconnu : Mir Hossein Moussavi a été longtemps Premier ministre à l'époque la plus difficile de la république islamique, celle de la guerre contre l'Irak. Ce n'est pourtant pas un grand réformiste : il se présente comme «centriste» ou «réformiste conservateur» et a dirigé le quotidien République islamique, l'un des organes de la ligne «dure» au sein du régime. C'est plutôt un homme terne, qui n'a pas la grandiloquence, d'ailleurs un peu vide, de l'ancien président réformiste Khatami. Cependant, il a été choisi par toutes les couches de la population, dont les plus contestataires, qui, à travers lui, cherchent à s'exprimer. D'où ce mouvement en sa faveur qui ne cesse de monter et, semble-t-il, se traduira dans les urnes - le taux de participat