Avec la dépouille mortelle d’Omar Bongo, a-t-on enterré hier ce qu’il est convenu d’appeler la «Françafrique» ? Certes non. Même s’il était très difficile à tout président français de refuser d’assister à ces obsèques, la présence de Nicolas Sarkozy hier à Libreville marque une forme de continuité qui l’expose à la critique.
Encore faut-il préciser ce dont on parle. Les relations de sujétion à peine déguisée qui lient la France à plusieurs régimes africains sont condamnables. Mais les esprits réalistes feront remarquer qu’une rupture soudaine avec tel ou tel dictateur risquerait d’ouvrir la voie, non à des démocraties paisibles, mais à d’autres dictatures tout aussi corrompues et répressives, bientôt parrainées par d’autres puissances, dans un continent en proie à toutes sortes d’appétits. Les principes seraient saufs, mais leur application pratique fort décevante…
Totalement inadmissible, en revanche, est l’autre volet de cette tradition «françafricaine» : le financement occulte de la vie politique française par de l’argent volé aux peuples concernés. Son existence, s’il en était besoin, a été confirmée très officiellement par l’ancien président Giscard d’Estaing, africaniste d’expérience. Rien ne montre aujourd’hui que Nicolas Sarkozy aurait maintenu cette détestable tradition pour le compte de son camp. Mais un soupçon diffus demeure sur les flux discrets qui vont des caisses de certains potentats vers certaines trésoreries partisanes comme vers certains individus peu regar