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Libération

Le double enjeu iranien

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publié le 17 juin 2009 à 6h53
(mis à jour le 17 juin 2009 à 6h53)

Il n’y a pas que la violence de cette fraude. Massive, éhontée, c’est elle qui a suscité ces gigantesques manifestations iraniennes, mais il y a longtemps que cette crise montait, que la théocratie qui avait succédé au Chah s’essouffle et se déchire, toujours plus rejetée par le pays et toujours plus divisée sur les moyens de se survivre.

Il y a douze ans déjà, lorsque Mohammad Khatami s’était jeté dans la bataille présidentielle, tout était dit. Par la seule grâce d’un espoir de changement, parce que la jeunesse, les femmes, les classes moyennes avaient immédiatement compris que cet ancien ministre de la Culture voulait que les choses bougent, les électeurs s’étaient rués aux urnes, en aussi grand nombre que vendredi dernier. Religieux et philosophe, cet homme si policé était devenu un héros national et, dans l’enthousiasme déclenché par sa candidature, l’Iran s’était découvert tel qu’il est : jeune, instruit, tourné vers le monde, fatigué des mollahs et de leur corruption, aspirant, en un mot, à cette démocratie qu’il avait cru conquérir il y a trente ans.

Triomphalement élu, réélu quatre ans plus tard malgré le peu de changements qu’il était parvenu à introduire, Mohammad Khatami s’était alors heurté à l’obstruction systématique des durs du régime, du «béton» comme on disait dans les pays communistes. Il était le Président, mais les institutions républicaines ne sont pas tout en Iran. Au-dessus d’elles, il y a un autre pouvoir, le vrai, celui du clergé et de son Guide suprê