L'épopée du débarquement de Normandie est bien connue, immortalisée par des films tels le Jour le plus long ou Il faut sauver le soldat Ryan.Overlord fut incontestablement la plus grande opération aéronavale de la Seconde Guerre mondiale, aussi spectaculaire que relativement peu meurtrière. Le soir même, toutes les plages étaient conquises. Dès le 24 août, les Alliés arrivaient dans Paris en liesse. Mais, entre ces deux moments légendaires de la geste de la Libération, il y eut la bataille de Normandie : un carnage, y compris pour les populations civiles, et presque oublié.
«En Normandie, les pertes moyennes de part et d'autre ont dépassé celles des divisions allemandes et soviétiques sur le front de l'Est pendant une période équivalente», rappelle Antony Beevor, qui tord le cou à nombre de lieux communs. Spécialiste reconnu de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, il a eu accès à d'importantes archives inédites - notamment journaux de combattants, expertises de psychiatres militaires, interrogatoires de prisonniers. Ainsi, comme dans ses précédents ouvrages sur la bataille de Stalingrad et la chute de Berlin, il raconte les opérations dans toute leur complexité, avec les états-majors ou avec les soldats dans la boue.
«Désastre». La totale suprématie aérienne des Alliés, l'ampleur de la flotte - 1 200 navires de guerre et 5 700 de transports - et les 130 000 hommes engagés peuvent a posteriori donner l'impression que tout était jo