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Libération

Deng Yujiao, une meurtrière sauvée par le Net

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Une Chinoise, qui avait tué son agresseur, un cadre du Parti, a eu la vie sauve grâce à la réactivité des cybercitoyens.
Deng Yujiao quitte le tribunal. (AFP)
publié le 18 juin 2009 à 6h51
(mis à jour le 18 juin 2009 à 6h51)

Une jeune femme tue un responsable du Parti communiste chinois (PCC) dans un karaoké. Dans des temps pas si reculés, Deng Yujiao aurait été condamnée à mort et la presse aurait chanté les louanges de la victime, cadre de la province du Hubei forcément au-dessus de tout soupçon. Mais Internet a changé la donne. Des millions d'internautes ont pris la défense de la jeune meurtrière, vite accusée d'homicide volontaire par la police. Deng Yujiao est devenue une héroïne nationale. Et Deng Guida, poignardé à coups de couteau de cuisine, le symbole de la corruption des cadres du PCC. Mardi, le tribunal a reconnu «un état de légitime défense» et a remis la jeune femme en liberté.

Justiciers virtuels. Pour les cybercitoyens chinois, c'est une belle victoire. Ils n'hésitent plus à enquêter, à conspuer les dirigeants locaux qui bénéficient souvent d'une totale impunité. Les autorités, nomment leurs campagnes «cyberincidents de masse» et s'inquiètent de ce phénomène, reflet du mécontentement de la classe moyenne ulcérée par les mensonges et la corruption des cadres locaux. Dans un pays où sont interdits les droits de manifester, de s'associer et même de s'informer librement, la Toile est un thermomètre social. Après plusieurs autres affaires de ce genre, le cas Deng Yujiao, est le signe que la fièvre monte. Il arrive que les campagnes des internautes soient suivies d'effets. Au début de l'année, la mort d'un détenu dans une prison du Yunnan, officiellement au cou