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Libération

A Téhéran, la révolte toujours en marche

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publié le 19 juin 2009 à 6h51
(mis à jour le 19 juin 2009 à 6h51)

La foule en deuil comme une immense marée noire, et une minuscule crête d'écume pour la surplomber, la crinière blanche de Mir Hossein Moussavi, qui s'adresse à elle. Celui que l'on commence à appeler «le héros» parce qu'il tient tête à l'ensemble du pouvoir islamique était bien là hier, toujours accompagné de son épouse, Zahra Rahnavard, sur la place de l'imam Khomeiny, à Téhéran. La foule était venue en hommage aux sept manifestants tués par balles lundi par les miliciens bassidji. Au sixième jour de contestation du verdict des urnes, ces manifestants étaient au moins plusieurs centaines de milliers même si tout décompte est difficile, le pouvoir islamique ayant interdit toute couverture de l'événement par les médias.

Foule noire, reprenant cette couleur qui fut l’un des trois symboles de la révolution islamique de 1979, avec le vert, celui de l’islam, et le rouge, celui du sang du martyr. Le vert est là également, notamment sur les brassards des manifestants, puisque c’était la couleur de campagne de Mir Hossein Moussavi. Manque le rouge pour que la référence soit complète. Il a été remplacé par des tulipes blanches.

«Martyrs». Ces sept morts, Moussavi les appelle les «martyrs», comme en 1979 lorsque les soldats du Shah ensanglantaient les manifestations. Le mot est chargé de valeur autant religieuse qu'historique. Mais on ne le trouve pas, bien sûr, dans la bouche du Guide suprême, Ali Khamenei, qui n'a pas eu un mot pour déplorer la mort