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TRIBUNE

Bongo, la justice française et les biens mal acquis

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par Damien Millet, porte-parole du CADTM France, Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde (1) et Renaud Vivien, juriste au CADTM Belgique
publié le 19 juin 2009 à 6h52
(mis à jour le 19 juin 2009 à 6h52)

Omar Bongo, dictateur du Gabon pendant plus de quarante ans, est mort le 8 juin. Au moment où Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac ne manquent pas de lui rendre un hommage appuyé, ce vieux serviteur de la Françafrique et des membres de sa famille sont toujours sous le coup d’une plainte en France. Le décès de Bongo n’entraîne pas l’arrêt de l’enquête judiciaire qui vise aussi deux autres chefs d’Etat africains en exercice, Denis Sassou-Nguesso (Congo-Brazzaville) et Théodore Obiang (Guinée équatoriale), accusés d’avoir détourné de l’argent public puis de l’avoir dilapidé dans l’achat de voitures de luxe et de biens immobiliers somptueux…

C’est le 5 mai 2009 que la doyenne des juges d’instruction du pôle financier de Paris a provoqué un véritable séisme dans le monde politico-judiciaire, en déclarant recevable la plainte avec constitution de partie civile contre ces trois présidents et leurs proches. Mais cette décision judiciaire historique a suscité une réaction hostile du parquet de Paris qui a fait appel dès le 7 mai. Motif invoqué : le plaignant, Transparency International, n’aurait pas d’intérêt à agir alors que cette ONG est spécialisée dans la lutte contre la corruption au niveau international… Il appartient maintenant à la cour d’appel de Paris de trancher cette question de recevabilité. Depuis le début de cette affaire en 2007, nombreuses ont été les pressions exercées sur les Congolais et les Gabonais qui osent dénoncer les biens mal acquis et se porter partie civile.