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Libération
EDITORIAL

Evidence

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publié le 19 juin 2009 à 6h51
(mis à jour le 19 juin 2009 à 6h51)

Ainsi Libération, avec quelques autres, aurait pris ses désirs pour des réalités dans la crise iranienne. En titrant sa une de samedi dernier «le Printemps de Téhéran» pour désigner le processus électoral en cours, nous aurions plaqué des schémas occidentaux sur une réalité qui échappe aux catégories trop simples des partisans des droits de l'homme. Le résultat du vote nous aurait aussitôt démentis en assurant au président Ahmadinejad une large majorité que des soupçons de fraude marginale ne sauraient délégitimer. Ainsi la résistance à l'emprise occidentale se serait manifestée avec éclat, tant la légitime différence culturelle entre les peuples éclairerait mieux la situation iranienne que les critères candides des commentateurs démocrates.

Pas de chance. Ces critères candides sont aussi ceux d’une grande partie du peuple iranien, qui manifeste massivement depuis dimanche contre une fraude qui, de toute évidence, n’a rien de marginale. La différence culturelle qu’on invoque pour justifier le comportement du régime iranien consiste à truquer les résultats d’un scrutin, à arrêter les opposants et à réprimer dans le sang ceux qui ont le front de résister. Non, la protestation iranienne n’est pas un fantasme de démocrates mal informés. Une génération nouvelle d’Iraniens exige de ses dirigeants qu’ils appliquent les principes qu’ils proclament eux-mêmes. Qu’elle soit autolimitée ou qu’elle mette en cause les fondements mêmes du régime, qu’elle soit finalement vainqueur