«Le Conseil européen soutient Barroso comme la corde soutient le pendu», ironise un diplomate français. De fait, si le président sortant de la Commission peut se targuer d'avoir obtenu, vendredi, un «soutien unanime» des vingt-sept chefs d'Etat et de gouvernement réunis à Bruxelles, José Manuel Durão Barroso n'a pas été juridiquement nommé : le Conseil a décidé, comme le souhaitait le couple franco-allemand, de laisser le Parlement européen, nouvellement élu, maître du calendrier.
Blitzkrieg.Or, il est presque certain qu'il refusera de l'investir en juillet pour attendre le second référendum irlandais sur le traité de Lisbonne, en octobre. Ce qui laisse le temps au front du «non à Barroso», emmené par les Verts, de s'organiser. «Nous avons jeté Barroso dans la fosse aux lions. A lui de se débrouiller pour se faire investir», poursuit le diplomate français.
La manœuvre est subtile. Si le Conseil européen avait formellement nommé Barroso, cela aurait contraint le Parlement à se prononcer en juillet, une Blitzkrieg que le président sortant se faisait fort de gagner puisqu'aujourd'hui il n'a besoin que de la majorité simple. En revanche, s'il est nommé sous le régime du traité de Lisbonne, il devra obtenir une majorité absolue des 736 élus du Parlement. Et le vote ayant lieu à bulletin secret, tout est possible. Conscients du danger, certains gouvernements se sont engagés à «travailler leurs députés au corps», pour qu'i