L'Intifada a déferlé samedi sur Téhéran. Les slogans, peints à la va-vite sur la grande avenue Vali Asr, y font d'ailleurs référence. «L'Intifada est entrée dans sa deuxième phase», annonce l'un d'eux. «Peuple, pourquoi restes-tu assis ? L'Iran est devenue la Palestine», affirme un second. «Ali Sharon», ose même un autre slogan, unissant le prénom du Guide suprême Ali Khamenei au nom de l'ex-Premier ministre israélien, célèbre dans tout le Moyen-Orient pour ses brutalités. Brutales, les forces de l'ordre l'ont été à l'évidence puisqu'il y aurait des morts, au nombre indéterminé, parmi les manifestants - la télévision d'Etat parle de dix morts et plus de cent blessés, Press-TV rapporte treize morts. Si les policiers ont attaqué les opposants à coups de matraque, de gaz lacrymogènes et de canons à eau, les bassidji (les «miliciens volontaires») et les lebas shaksi (littéralement, les «vêtements civils», c'est-à-dire la police secrète) ont usé du câble électrique, du poignard, voire de la Kalachnikov.
Voltigeurs. Sur une vidéo prise par un manifestant, on peut voir une jeune femme, Neda, s'effondrer, touchée d'une balle en plein cœur. Aux ordres du pouvoir, la télévision d'Etat, qui ne couvre quasiment jamais les manifestations, a pourtant diffusé en fin d'après-midi quelques dizaines de secondes d'images sur les «terroristes», où l'on voit des civils matraqués sur un trottoir par des policiers. Ce que craignent le pl