On ne connaissait pas à Henrik, prince consort du Danemark d'origine française et époux de la reine Margrethe II, de don particulier pour la poésie. Jusqu'à ce qu'il déclame dimanche à Nuuk, minuscule capitale du gigantesque Groenland, ce vers mémorable dans un danois presque parfait malgré l'accent de son Sud-Ouest natal : «Au Groenland, le cristal riant de joie à l'unisson des goélands, des espiègles oursons. Où la clarté des étoiles anime les glaciers d'opale et ouvre un chemin pour toi et moi.» Applaudissements nourris d'une foule qui célébrait l'aube d'une nouvelle ère.
Le Groenland a accédé dimanche 21 juin, jour de la fête nationale, à l’autonomie renforcée, et distendu un peu plus les liens qui l’unissent encore au Danemark, ex-puissance coloniale. Ainsi en avait décidé (75 % de voix favorables), en novembre dernier, les 56 000 habitants de ce territoire glacé grand comme cinq fois la France.
Dimanche, au petit matin, la famille royale a débarqué d'une frégate de la marine de guerre danoise sur Kolonihavn, le vieux port colonial où, en 1721, arrivèrent de Copenhague les premiers missionnaires luthériens venus évangéliser une poignée d'Inuits. Salut au drapeau, hymnes nationaux. La reine, 70 ans, est raide comme un «i». Peut-être en raison de la rigidité de son pantalon en peau de phoque et broderies, grande tenue d'apparat inuit revêtue en hommage à ses sujets eskimos. Plus sûrement à cause de la très visible, et agaçante, présence à ses côtés de la princesse