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ENQUÊTE

Florence Cassez, le piège mexicain

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«Libération» révèle les manipulations des autorités mexicaines afin d’accabler la Française.
Florence Cassez en prison à Mexico, en janvier 2008 (Ronaldo Schemidt / AFP)
publié le 24 juin 2009 à 6h51
(mis à jour le 24 juin 2009 à 6h51)

Au Mexique, il existe deux versions sensiblement différentes de l’affaire Cassez. Il y a la version médiatique : un récit incisif, qui dépeint avec force détails une professionnelle du kidnapping, cupide et diabolique. Et puis, il y a le dossier judiciaire, des milliers de pages qui offrent un compte rendu équivoque et erratique des faits. Il y est à peine question de la Française, or c’est la base de sa condamnation à soixante ans pour complicité d’enlèvements. Les autorités érigent la femme au rang d’icône du banditisme dès la mise en scène de sa capture filmée, le 9 décembre 2005. Genaro García Luna, le directeur de l’Agence fédérale d’investigation (AFI), aujourd’hui ministre de la Sécurité publique, voulait faire croire qu’une dangereuse criminelle avait été attrapée en flagrant délit alors qu’elle surveillait trois otages dans la maison de son petit ami.

L’arrestation, un simulacre télévisé

En réalité, Florence et Israel Vallarta avaient été interpellés la veille, sur la route, à plusieurs kilomètres de là. L’AFI avait obligé les otages, Cristina Ríos, son fils, Christian, et Ezequiel Elizalde, à participer à un simulacre télévisé de leur sauvetage en compagnie de leurs ravisseurs présumés. Dès le début, le récit supplante la vérité judiciaire.

Le dossier, lui, apparaît comme un négatif de la version médiatique : on y trouve peu d’éléments accablant la jeune femme, mais il regorge de pistes menant à d’autres suspects. La Siedo, le parquet spécial chargé de la lutte contre le crime organisé, attribue le rapt