Il y a quelque chose de pathétique à entendre le président somalien décréter, lundi, l’état d’urgence dans son pays. L’urgence, il peut la constater tous les jours aux portes de son palais, la Villa Somalia, régulièrement prise pour cible par les insurgés islamistes, qui ont lancé une grande offensive contre le gouvernement il y a un mois. Cette décision ne va fondamentalement rien changer dans un pays où le pouvoir central ne contrôle que quelques points névralgiques de la capitale. Et encore, avec l’aide des 4 300 soldats de la paix de la Mission de l’Union africaine en Somalie (Amisom)…
En fait, l’instauration de l’état d’urgence n’a qu’un but : presser la communauté internationale d’intervenir, et en particulier les pays voisins - Kenya, Djibouti, Ethiopie et Yémen - appelés à la rescousse en fin de semaine dernière. Sans succès pour l’instant. Le Kenya s’est dit prêt à aider, l’Ethiopie, qui a reconnu mener des actions de reconnaissance, demande un mandat spécifique… Les autres restent muets. Et l’Amisom est réduite à ses seuls contingents ougandais et burundais, qui ne remplissent que la moitié de l’effectif prévu lors du lancement de la force de la paix il y a deux ans.
Prophétie. Pourtant, l'urgence est réelle. Alors que l'administration Bush n'a cessé de crier à la présence d'Al-Qaeda en Somalie - qui n'était que marginale à l'époque -, sa prophétie a fini par se réaliser. C'est toute l'ironie de l'engrenage fatal provoqué par les Etats-Unis dans la C