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Libération
TRIBUNE

Nous sommes tous des Iraniens

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par Tewfik Allal, éditeur
publié le 24 juin 2009 à 6h53
(mis à jour le 24 juin 2009 à 6h53)

Le sort des Iraniens nous concerne tous, intensément. En ce moment, en Iran, se découvre, sous la figure de l'insurrection, une expérience de liberté politique de premier ordre. Comment ne soutiendrions-nous pas les voix s'opposant à celui qui a dit que «le peuple n'a pas fait la révolution pour introduire la démocratie» ?

L’Iran a été toujours été un laboratoire, un précurseur, et donc, pour nombre de démocrates arabes, un champ d’observation privilégié : déjà, avec Mossadegh, la nationalisation du pétrole précéda les décisions de Nasser de nationaliser le canal de Suez. L’Iran a produit la première révolution mettant des islamistes au pouvoir, à la différence des Frères musulmans qui n’ont jamais détenu de pouvoir d’Etat. L’Iran nous a confrontés à un paradigme politique nouveau qui appelle réflexion et que l’on interroge encore : qu’est-ce qu’une révolution religieuse ? Qu’est-ce que ce populisme ? Quel lien entretient-il avec le fascisme ? Comment les islamistes opèrent-ils une fois au pouvoir ?

La gauche, les gauches, ont parfois sous-estimé les islamistes, les mollahs, en arguant de l’incompétence de ces derniers à gouverner. Par leur alliance avec les technocrates, qui trop souvent se rallient à l’islamisme, les mollahs ont modernisé l’Iran. Si l’on met à part l’expérience soviétique, on est là encore confronté à un modèle de modernisation autre, un schème opposé à celui imposé par Ataturk, mimétique de l’Occident, qui est partout mis en avant. Le pouvoir islam